Moi ça va bien ou à peu près. Enfin… mieux.
J'ai eu
un gros coup de calgon ces derniers jours. Je ne dis pas que je suis gonflée à bloc désormais mais
j'ai trouvé des moyens de reprendre le contrôle, au moins partiel, de la situation. Parce que soyons clair,
mon côté maniaque me pousse à vouloir tout contrôler et quand je ne peux justement pas tout contrôler, à être super stressée, agacée et
in fine triste. Et c'est plate, parce que dans la vie, on ne contrôle pas grand chose en général…
L'ouverture du café s'est bien déroulée. On peut offrir
un réel service de qualité au client sans trop de loupés ou d'approximations. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit : on est
une équipe toute nouvelle où chacun cherche la place qu'il peut y occuper, on est aussi
beaucoup de nouvelles recrues en mal d'expérience.
Cela dit,
globalement, on est une équipe de vrais pro ; j'entends de personnes qui ont
vraiment le souci du service client, du travail bien fait, de l'esprit d'équipe. Et ça, c'est
une chance juste incroyable ! J'aime vraiment travailler avec mes collègues : on a toutes (ben oui, les garçons travaillent le soir, je ne les vois pas)
chacune nos qualités, nos points forts et à nous toutes, on forme
une équipe du tonnerre.
Côté obscur du café (je veux dire : ce que les clients ne peuvent pas voir),
c'est un peu plus délicat. Là encore, je tempère mon propos : j'imagine qu'aucune ouverture de café ne peut être parfaite et on a probablement le maximum qui puisse être obtenu pour une ouverture.
L'arrière-boutique (le bureau du gérant si vous préférez) n'a pas bénéficié du même soin que la surface de vente. Il n'y a pas d'ordinateur, pas d'imprimante/fax/photocopieur, pas même une lumière au-dessus du bureau, pas de tiroirs et étagères de rangement, etc. Sans rentrer dans des détails que, pour jouer sur les mots, je ne peux pas relater par ailleurs et encore moins ici,
ça a été grave le bordel.
Ceux de mes lecteurs qui ont eu la (mal)chance de travailler avec moi savent que
mon bureau est toujours en effervescence, que certains qualifieront de bordel, mais
que nenni, je sais où j'en suis, je sais ce que j'ai et ce que je n'ai pas. La créativité se nourrit d'un chaos apparent (poétique dirais-je) que les esprits non-créatifs ne peuvent absolument pas comprendre.
Mon côté Monk, comme le décrit si justement mon ancien collègue Pierre,
me pousse à ne tolérer aucune intrusion dans mes affaires, encore moins le vol (emprunt à long terme vous diront certains) de mes articles de papeterie.
Rien ne m'agace plus que de perdre du temps à chercher un stylo, un formulaire ou
whatever. Imaginez vous donc que
là, ce n'est pas mon bureau, ni mes affaires et qu'en plus je les partage avec une dizaine d'autres personnes.
Je ne supporte pas non plus les approximations (foutu caractère entier, binaire devrais-je dire). On est, je l'ai dit, pour beaucoup, des nouveaux employés, et
des approximations (totalement involontaires bien sûr), il y en a eu, à tous les jours.
Je ne critique personne : faire la fermeture,
ce n'est vraiment pas simple. Beaucoup de tâches à accomplir et
surtout la fatigue d'une journée de travail dans les pattes et dans la tête.
Mais
les approximations sont venues perturber mon travail d'ouverture qui lui, doit se faire en
un temps défini, qui ne peut être prolongé. A 5h30, on ouvre et tout doit être prêt pour le premier client qui ne tarde jamais.
Et vendredi matin, malgré tous mes efforts, tout n'était pas prêt quand le premier client est entré. Et ça,
c'est le pire qui peut arriver.
Tout ça a eu le don de me rendre hystérique.
Une hystérie bien sûr contenue, qui a travaillé contre moi-même au fil des jours.
Qu'on le veuille ou non,
pour être efficace, il faut installer une routine de travail, des procédures, des repères, de la rigueur. Bordel = manque d'organisation et de repères = inefficacité = stress, erreurs = mauvaise estime de soi = agacement, fatigue, tristesse.
Rajoutons à cela qu'en
ces temps exceptionnels d'ouverture de café
j'ai travaillé 9 jours d'affilée sans repos en me levant à 3h du matin, en cherchant à acquérir un rythme de vie qui ne se placera qu'avec du temps.
N'oublions pas non plus que
nous sommes en période de Noël et vous aurez
tous les ingrédients explosifs d'un bon gros ras-le-bol.
Pour le fun,
on a eu un gros dégât d'eau au café jeudi matin (le tuyau d'une machine qui s'est déboité,
libérant au cours de la nuit plusieurs centimètres d'eau dans tout le café et l'arrière-boutique). Quelle agréable surprise à 5h du matin ! Je n'ai toujours pas compris comment on a été capable d'ouvrir quasi normalement…
Ce jour-là, j'ai réussi à garder le sourire. Mais le lendemain, (sûrement le contre-coup + mon ouverture ratée + tous les autres éléments associés),
je n'étais plus capable de donner totalement le change.
Je suis de repos aujourd'hui et demain. Je dors comme
un loir neurasthénique. Je me suis offert
mon plus beau cadeau pour Noël hier : ne pas réveillonner et aller au lit vers 20h. Ne me lever qu'à 8h (avec des périodes d'interruption, ça fait quand même
10h de sommeil).
Cuisiner sans me fatiguer. Faire
une sieste de 2h. Aller
boire un café, me balader avec Anne sous la neige,
rire de ma tenue d'esquimau, bref,
me changer les idées sans réclamer trop d'efforts à mon organisme.
Mon moral convalescent a été sympa : il m'a permis de trouver
des petits trucs (de génie) qui m'aideront ne serait-ce qu'un tant soit peu à
m'organiser au travail indépendamment du semi-chaos ambiant.
Vendredi (le jour où mon moral se fissurait de toutes parts), à l'occasion d'une discussion de travail, j'ai avoué à la personne qui gère temporairement le café
ma difficulté à travailler sereinement et à ouvrir le café dans des bonnes conditions pour les raisons que je vous ai expliqué.
Samedi, en arrivant, j'ai versé ma petite larme d'émotion en voyant que tout avait été rangé, organisé avec les moyens du bord,
que le travail de fermeture avait été correctement effectué. Ca va vous paraître stupide mais
ça a été le plus merveilleux cadeau de Noël qu'on pouvait m'offrir ce jour-là.
Comme par magie,
ma préparation pour l'ouverture a été terminée en un temps record et surtout, sans stress. Malgré la fatigue et les tensions accumulées ces derniers jours, j'avais
un vrai sourire pour accueillir les clients. Et
la sincérité derrière un sourire, ça ne s'achète pas comme une tasse de café, mais ça a pourtant une énorme valeur…