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samedi 2 juillet 2011

Le marketing de la folie

Ca fait un bail que je veux faire article pour vous parler d'une vidéo que j'ai regardé sur internet il y a quelques temps. C'est très long (3h) mais tout ce qui est dit est hautement intéressant et il est important de tout voir pour bien comprendre tous les tenants et aboutissants.

Le reportage se nomme Le marketing de la folie et traite donc de la psychiatrie et de toute sa pharmacopée… pour le moins nocive !!!



Il est évident que certains médicaments (même ultra puissants et avec des effets secondaires à faire peur) s'avèrent nécessaires dans certains cas. Ma sœur ainée est schizophrène et sans son traitement, Dieu seul pourrait dire si elle serait encore en vie aujourd'hui.

La schizophrénie est une maladie neuro-dégénérative (si on ne fait rien, ça empire - je peux en témoigner puisque pendant des années ma pauvre sœur n'a pas été diagnostiquée malade, donc pas soignée et il lui aura fallu du temps pour accepter sa maladie - et je l'admire parce que ça n'a pas dû être facile). Ainsi, dans son cas, même si son lourd traitement ne la guérira jamais et soigne tout juste ses symptômes, n'empêche que ça lui permet de vivre "du mieux possible" et surtout de stabiliser son état.

Je profite de cet article pour dire à quel point je suis fière d'elle, de tous les efforts qu'elle a fourni pour améliorer son état et qu'elle fournit au jour le jour pour arriver à se lever, à se laver, à se "soigner", à se faire à manger, à sortir de chez elle… Son état s'est nettement amélioré depuis 3 ans mais les médicaments n'y sont pas pour grand-chose. C'est vraiment elle qui a fait tout un travail sur elle-même, qui a décidé de se sortir d'un milieu déprimant (l'hôpital de jour où elle côtoyait des "cas" bien plus graves qu'elle), d'aller vers les autres (elle est bénévole dans une association), de se créer des activités à défaut de pouvoir travailler. Je suis tellement fière de toi Laurence !!!! Je ne suis pas sûre d'avoir le dixième de ton courage…


Bon, j'en reviens au documentaire… Il ne s'attache pas tellement à parler des patients qui ont un besoin vital des psychotropes mais davantage de la dérive totale de la psychiatrie. Il explique entre autres comment les psychiatres sont passés du rang de "garde-malade" à celui de médecin, expert en troubles mentaux en quelques décennies. Mais le documentaire s'attarde surtout à montrer comment l'industrie pharmaceutique a réussi grâce au marketing à "créer le besoin" et à faire croire à des personnes tout à fait saines d'esprit qu'elles ne le sont pas tant que ça ("nous sommes tous fous" mais nos maux ne sont-ils pas une réaction normale à l'organisation malsaine du monde dans lequel nous vivons ?) et que par conséquent, elles avaient besoin de prendre des psychotropes ultra puissants d'ordinaire réservés à des maladies très graves telle la schizophrénie.

Il y a longtemps déjà j'avais été consulter un psychiatre pour faire un point sur pas mal de choses. J'avais choisi un psychiatre parce que c'était un médecin, ce qui pour moi était un gage de sérieux. Si de mes échanges avec le psy, j'ai pu mieux cerner certains mécanismes de mon inconscient, ça ne m'a en aucun cas permis d'avoir le contrôle sur eux (c'est l'hypnose, quelques années plus tard, qui a réalisé ce "miracle"là). Expliquer et comprendre n'est pas résoudre. Savoir que j'ai une roue de vélo crevée et que c'est un clou en bord de route qui l'a transpercé ne répare pas mon pneu de vélo…

Ledit psy m'avait prescrit un traitement dont je n'avais pas besoin. Il faut dire que je consultais suite à une rupture amoureuse très douloureuse. Il était donc normal que je sois déprimée (vous avez déjà vu des gens sauter de joie quand ils se font larguer, vous ?). Ca ne voulait pas dire que j'étais dépressive. Et ça justifiait encore moins la prescription d'un psychotrope. Je l'ai arrêté progressivement parce que j'en avais marre de ne pas être capable de ressentir de la joie, de la tristesse, de la colère. J'étais toujours d'humeur égale ;  en fait je ne ressentais plus rien. 

En regardant le documentaire, je n'ai pu m'empêcher de penser à Mélanie et Jérôme et surtout à leur petit Vincent pour qui le psychologue scolaire a suggéré la prescription de Ritalin pour qu'il soit plus calme. Mélanie, si tu as le temps de voir le reportage en entier, ça ne fera que te conforter dans ta décision !!!

Bon, ben je vais peut être la boucler avant d'être diagnostiquée bavarde compulsive et de me voir prescrire un psychotrope inhibant la parole (et les doigts pour le clavier…) :s

5 commentaires:

  1. Beh je vais regarder ce documentaire très intéressant dès que j'aurai le temps (après mes exams). Je suis un peu contre toute cette média'calisation qui fait pression sur nos sociétés depuis un moment ^^

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  2. Pareil,dès que j'ai le temps je regarde, ce genre de sujet n'est pas traité souvent par les médias malheureusement. J'ai aimé la partie sur ta sœur, et moi aussi je suis fière d'elle!

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  3. J'ai été tres touchée par le commentaire sur ta soeur Laurence. je ne savais pas qu'elle souffrait de schyzophrénie. A l'époque, tu me disais qu'elle n'allait pas bien. je l'ai rencontrée une fois et elle m'avait donné une carte de voeux en pt de croix qu'elle avait fait elle même. Surtout, salue la bien de ma part et dis lui de continuer à prendre soin d'elle...
    Mel

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  4. @ Rajaa et Mél : merci pour vos messages de soutien pour ma soeur Laurence :)

    Il a fallu que je bataille sévère pour que mes parents finissent par me dire le nom de sa maladie (je l'ai su en 2004 et ça faisait au moins 10 ans que les premiers symptômes étaient apparus). Pendant des années, ils ont dit qu'elle n'allait pas bien mais sans rien dire de plus. Je pense que pour eux, schizophrénie ou autre chose, ils se sentaient juste totalement démunis et le nom de la maladie leur importait peu. Pour moi c'était insupportable de ne pas savoir même si le sachant je suis toujours aussi impuissante…

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